Histoire Blason

Lecture héraldique

" Ecartelé en 1 et 4 de gueules, en 2 d'argent au cornouiller de sinople fruité de gueules, en 3 d'argent à la sariette de sinople, fleurie de gueules. Brochant sur le tout, un écu de sinople chargé d'un lièvre d'argent".

Symbolique de la composition

Ce blason rappelle par la couleur de gueules les armoiries des Reinach. Cunelières relevait de la seigneurie de Montreux appartenant à cette famille.

Signification des couleurs du blason

De gueules: En blason d'armes des vertus, signifie Charité et représente une marque de haute magnanimité, vaillance, hardiesse.

Argent: En blason d'armes des vertus, ignifie Espérance, Pureté, Innocence, Humilité, Beauté, Victoire, Félicité, des 4 éléments: l'eau (la St-Nicolas)

Sinople: En blason d'armoiries des vertus, signifie Force et est marque d'Honneur, de Liesse, d'Amour, de Courtoisie, de Beauté, de Bonté et de Jeunesse; représente toute espèce de verdure, comme pré, bois, champs.

A la recherche du blason ancien

Certaines archives concernant le Territoire de Belfort se trouvent encore aux Archives départemantales de Haut-Rhin à Colmar, puisque le Territoire de Belfort faisait du Haut-Rhin jusqu'en 1871.

Les recherches faites à Colmar n'ont pas donné de résultat.

D'autre part, Cunelières étant sous juridiction de l'évêché de Bâle avant le 18° siècle, une visite à la Fondation des archives de l'ancien évêché de Bâle à Porrentruy aurait pu nous faire retrouver le blason ancien de notre village, mais cette enquête ne nous a rien appris.

A la recherche du blason moderne

Aux ADTB (Archives Départementales du Territoire de Belfort), on trouve que la comission départementales d'héraldique a défini, en Avril 1959, le blason de Cunelières comme suit: d'Argent au cornouiller de sinople fruité de gueules, suivantl'étymologie probable du nom; et un projet de dessin de ce blason a été établi par M. Camille HEIDET (d'Essert) qu'il a proposé en 1989 à la mairie de Cunelières;

Cette proposition n'a pas retenu l'attention et nous avons voulu connaître les raisons qui avaient amené la commission héraldique à établir cette défénition. Le détail des travaux de ladite commission est introuvable et il a fallu revoir l'étude au départ (Mentionnons pour l'anecdote que ce projet de blason figure dans le livre "Belfort et le Territoire de Belfort", fait par Mrs ROZLER, E.O., LAMI et P.GSELL, bien que ce blason n'ai jamais été adopté officiellement par la mairie de Cunelières.

La suite des recherches nous fait découvrir certains écrits qui nous aident à définir ledit blason; voir également ICI.

On trouve tout d'abord, en radical étymologique, le mot CONILA ou plutôt CUNILA, employé par Pline, le naturaliste, qui signifie:

SARRIETTE: variété d'herbe aromatique particulière à certains pâturages.

Or, Cunelières est sur l'emplacement d'un vaste pâquis où cette herbe ne fait apparemment pas défaut, ce qui nous amènerait à CUNILARIAE, comme forme latine de Cunelières.

Il est vrai que les formes KUNIGLIEREN et KUNGLIEU pourraient faire croire que le préfixe de Cunelières vient de KOENIG, roi, en haut allemend KONING et anciennement KUEHIN, d'où vient le nom CUENIN, si fréquent parmis nous. Mais aucun document historique ne nous apprends que Cunelières ait été jamais une terre royale.

La terminaison en "IERES" répond certainement à la terminaison Latine ARIAE, ainsi que celles de IERS. Nous avons SPICARIAE en 1040, ESPIERS (Eure et loir), ARMENTARIAE en 867: ARMENTIERES (Eure et Loir),(Eure), CONCALARIAE en 1044: CANCALIERES (Tarn) etc ...

Tout cela justifie notre manière de voir et nous traduirons CUNELIERES par CUNILARIAE.

D'autre part, le radical CUNEL pourrait venir de CUNICULUS, lapin, d'où l'on aurait fait CUNILARIERAE, CUNELIERES, et c'eut été alors un rendez-vous de chasse, à cause des nombreux lapins que l'on y rencontrait.

L'ancien français appelait le lapin CONNIL, d'où est venu le mot CONNILLIERE (voir CONNIL dans le dictionnaire de Godeffroy).

Ducange donne aussi CUNICULARIUM avec le sens de garenne. Ainsi CUNELIERES, avant d'être un nom de village, aurait été un simple lieu-dit , rappelant la présence de lapins, comme VERPILLIERE ou VOURPILLIERE rappele la présence de renards (du latin VULPECULA: renard).

Mais la première forme COURNOILLIERE pourrait bien dénoter pour ce nom une étymologie différente: car elle parait procéder de CORNOUILLER. La dérivation serait régulière. Mais l'essence du CORNOUILLER étant étrangère à ce pays, il est plus rationnel de considérer CUNELIERES comme synonyme de lapinière, soit que les premiers habitants s'attachassent particulièrement à l'élevage de cet animal, soit que le lapin sauvage pullulât en cet endroit.

Notes de l'auteur

La sarriette:

  • Cunelières possède encore ce "vaste pâquis". Pourquoi la sariette aurait-elle disparu ?
  • Les ouvrages de botanique parlent de la sarriette annuelle (Satureira montana), à feuilles aromatiques, qui pousse en terrain bien drainé, léger et riche.
  • La sarriette sauvage, ou vivace, ou des montagnes (Satureira montana)-habitat: Europe Méridionale sur coteaux calcaires arides.
  • Cunelières ne semble plus être un terrain de prédilection pour ces deux espèces

Le cornouiller:

  • Des recherches sur le cornouiller nous font savoir que cet arbre a été connu en Europe dès 1606 et 1658 grâce à John Tradescant, le plus grand importateur de plantes américaines.
  • Dans le Sud de la Russie et en Turquie, le cornouiller est encore cultivé comme arbre fruitier. En Europe Occidentale, on ne cultive plus guère le cornouiller mâle que pour l'ornement.
  • Le cornouiller mâle (Cornus mas), de 2 à 5 mètres de hauteur, a un bois très dur, dont on se servait pour fabriquer des armes: javelots et flèches, et aussi des manches d'outils et des barreaux d'échelle;
  • Il y aurait eu des artisans jadis pour travailler ce bois. Auraient-ils rasé ces forêts ?
  • D'après des ouvrages de botaniques, cet arbre est assez communément répandu dans les forêts de l'Est de la France, mais affectionne plutôt les terrains calcaires, sec et rocailleux;
  • Il semble rare à Cunelières, mais serait commun en Alsace actuellement.

Il existe aussi le cornouiller sanguin (Cornus sanginea), dont le bois est utilisé en vannerie, moins rare ici.

Le lièvre et le lapin de garenne:

Présents dans la région

Conclusion

Le cornouiller, la sarriette et le lière symboliseraient la signification du nom de la commune et le blason se définira héraldiquement, comme ci-dessus, sur les conseils de personnes avisées...